Vous en connaissez beaucoup, des fonctionnaires qui passent leurs pauses à repasser des chemises dans leur bureau? Je me présente: David Bombardier. Pratiquant de la mobilité durable depuis près de huit mois. Par choix. Et aussi, un peu, par défi. Un défi parsemé d’une logistique quotidienne hors du commun, d’engelures, de vent de face et de quelques débarques (heureusement sans conséquence). Mais, surtout, un défi ponctué de grand air et de no stress at all après des années de papa-taxi grugeant d’énergie.

Jusqu’à l’an dernier, je devais voyager:
a) ma plus vieille à l’école le matin et
b) ma plus jeune à la garderie et/ou à la prématernelle, les matins et aussi le midi à l’occasion.

Effectuer cette tournée quotidienne en bus ou en vélo? Ce n’était même pas envisageable. Trop de zigonnage d’un bout à l’autre de Sherbrooke.

Je rêvais alors du jour où je pourrais vendre ma voiture (la 2e voiture familiale) pour me déplacer à la course, en vélo ou en bus afin d’aller travailler.

Dès la fin de la garderie, la pancarte «à vendre» était installée. Une semaine plus tard, je me retrouvais à pied. En raison de mon choix, je n’avais plus le choix: je ne pouvais qu’avancer.

Certains auraient eu peur de se jeter ainsi dans le vide. Moi, j’avais un grand sourire dans la face. Ciao le trafic et le bougonnage à la lumière rouge parce que le papi d’en avant n’a pas tourné à temps! Ce ne sera pas toujours évident, compliqué même à certains moments, mais au moins, je profiterai du grand air cinq jours par semaine, que je me disais. Puissant sentiment de liberté… parce que je me retrouvais à pied.

Le plan était relativement simple: je marcherais un kilomètre avec mes deux filles pour aller les reconduire à la même école (enfin!) puis, de là, j’aurais deux choix:
a) j’enfourcherais mon vélo pour parcourir la dizaine de kilomètres qui me séparent du bureau;
b) je grimperais dans l’autobus qui arrêtait tout juste devant l’école pour me rendre au boulot, et je reviendrais à la maison en courant le soir venu.

FA-CILE!

L’option a pour les jours de beau temps, du printemps à l’automne, et l’option b pour les jours de pluie et en hiver.

Le coup de massue
Première semaine? Tout baigne. On est en juillet, donc aucune neige à l’horizon. Mon hybride est beaucoup trop lent à mon goût, mais je le changerai bientôt pour un vélo de route qui va vite-vite-vite.

Deuxième semaine? Coup de massue en pleine face. J’apprends que le trajet de bus sera modifié pour desservir un plus grand bassin de population. Conséquence: l’arrêt devant l’école disparaîtra dès la rentrée scolaire.

FUCKKKKK! La grande majorité des habitants du quartier est avantagée, mais ce n’est pas mon cas.

L’option b? Quelle option b? Désormais, impossible d’opter pour le bus de façon quotidienne. J’arriverais trop tard au bureau…

Que faire, alors? M’apitoyer sur mon sort? C’était quand même mon choix…

J’avoue que j’ai été bien embêté pendant quelques jours. Sur le coup, j’ai regretté d’avoir vendu mon auto. En racheter une? L’argent avait déjà servi à payer des travaux… Ça aurait aussi (surtout?) été synonyme d’abandon. Certains doutaient déjà que j’allais réussir à «survivre» sans auto pendant plus de quelques mois. Ce n’est pas la disparition de l’option b qui allait leur donner raison! (Je suis orgueilleux, je sais. C’est un bon complément à la détermination!)

Ça fait maintenant près de huit mois que je me déplace en vélo, à la course et exceptionnellement en bus pour aller travailler.

Je ne me contente pas de survivre. Je vis. Plus que jamais.

Me racheter une auto? Plutôt mourir!