Autant je suis un coureur amateur, autant je suis un blessé expérimenté. Les blessures, je les collectionne. Chaque année, depuis trois ans, c’est immanquable. Périostites à répétition, élongation de l’aine il y a deux ans…

Depuis l’été dernier, je touchais du bois. Je bouffais des kilomètres en réussissant tant bien que mal à esquiver ces satanées blessures, les unes après les autres. Je connais maintenant les signes précurseurs. Je sais quand je dois consulter avant que ça s’aggrave. Du moins, en théorie.

Dimanche soir, quelques heures après avoir couru le 21K du Demi-marathon des Glaces en respectant mes limites… bang! Douleur diffuse sous l’arche du pied gauche. Comme si mon arche de pied manquait soudainement de tonus. Comme si elle voulait juste s’écraser.

Malgré la douleur, j’ai couru le lendemain. Et le surlendemain. Je refusais de me faire à l’idée, mais je savais déjà ce qu’allait m’annoncer la podiatre mercredi: fasciite plantaire. À un stade précoce, heureusement.

Je dois remiser mes espadrilles jusqu’à ce que la douleur disparaisse.

Traitement: massage avec une balle ou avec les mains, étirements et Strassburg Sock, un bas hyper sexy qui évite de pointer le pied quand on dort. Ça aide à guérir, mais pas à dormir! Avant même d’obtenir le diagnostic, j’avais déjà dormi deux nuits avec ce fameux bas, que j’utilise depuis quelques années pour calmer les symptômes précurseurs de périostite. C’est dire à quel point je suis un blessé expérimenté!

La chance de courir

Étonnamment, je ne suis aucunement démoralisé par cette énième blessure. Je me dis que ça pourrait être dix fois pire. Qu’il n’arrive jamais rien pour rien. Que mon corps m’envoie des messages et que je dois les comprendre afin d’atteindre mes objectifs.

Pour éviter de perdre mes acquis, je me donne à fond dans le vélo-boulot.

À vélo, la règle non écrite stipule qu’on salue les cyclistes qu’on croise. Et quand on court, on salue ses semblables. Point. Pas de salutations croisées, c’est interdit par la loi.

Hier soir, une première dans ma vie: une coureuse m’a salué, moi, le cycliste! Comme si elle savait que j’aurais préféré avoir les deux pieds sur l’asphalte plutôt que sur mes deux pédales. C’est con, mais ça m’a vraiment fait chaud au coeur!

Je suis un coureur. Je recommencerai à courir sous peu, dans quelques jours ou une semaine, tout au plus.(Ne me dites pas que je suis optimiste! Demandez et vous recevrez.) Et je prendrai encore plus plaisir à courir parce que je sais maintenant ce que c’est d’en être privé.

C’est peut-être pour ça que je me suis (encore) blessé: pour me rappeler de ne rien prendre pour acquis. Pour me rappeler, une fois de plus, à quel point je suis chanceux de pouvoir courir.