Dans la course comme dans la vie, tout est une question de perception. Ma prochaine course en constitue un bon exemple. Ce dimanche, 26 juin, je courrai 42 km. Sur papier, c’est la distance d’un marathon. Mais ça n’en est pas un. En fait, pas vraiment. Parce que c’est une course en trail. Avec 2000 mètres de montée jusqu’au sommet du mont Jacques-Cartier, et 2000 mètres de descente pour revenir au point de départ, en plein cœur de la Gaspésie, dans le cadre de l’Ultra-trail du mont Albert (UTMA).

S’il s’agissait d’un marathon sur route, j’aurais probablement la chienne en ce moment. Je douterais de mes capacités. Je remettrais en question mon entraînement des dernières semaines.

Parce que j’aurais assurément comme objectif de battre mon record. De courir plus vite qu’en septembre dernier, à Montréal. J’en serais sûrement capable, mais j’angoisserais à l’idée de ne pas réussir.

Pendant la course, je regarderais constamment ma montre, pour m’assurer que je maintiens le rythme nécessaire pour battre mon PR.

En somme, je n’aurais pas de fun. Alors qu’il faut avant tout prendre plaisir à courir.

Prenez la même distance, 42 km. Changez le bitume pour des sentiers. Et ajoutez à cela 2000 m de D+.

J’ai hâte. Terriblement hâte! Zéro stress. Angoisse à l’état nul. Que du plaisir en perspective! Bizarre quand même, non? Ça m’a pris un certain temps avant de comprendre pourquoi.

La course en sentier, c’est à des kilomètres de la course sur route. En trail, tu te fies seulement à tes sensations, à ton rythme cardiaque. Tu te concentres uniquement sur la prochaine racine ou la prochaine roche à éviter. Tu évalues si tu devras marcher les prochains mètres de montée abrupte, si tu recommenceras à courir en atteignant le prochain faux-plat ou si tu pourras courir à fond la caisse dans la descente qui vient. Tu juges constamment ton niveau d’énergie, en temps réel, tout en souhaitant en avoir assez pour te rendre jusqu’au bout sans perdre le sourire.

À moins d’avoir déjà couru le même parcours, impossible de vouloir à tout prix « battre son record ». En sentier, l’aspect compétitif est beaucoup moins présent, à part chez ceux qui aspirent aux podiums, ce qui n’est pas mon cas.

Le trail, c’est plus fraternel, plus convivial, plus « naturel », dans tous les sens du terme. Plus moi, finalement.

Sur route, 42 km, c’est le marathon. La distance ultime, qui rajoute nécessairement un peu beaucoup de pression parce que tu participes à LA course. Celle qui fait craindre le pire à bien des coureurs du demi. Sur route, 42 km, c’est la mythique ligne d’arrivée qui se trouve de l’autre côté du mur tant redouté.

En trail, 42 km, c’est de la petite bière. Une courte distance par rapport aux courses de 80, 100 ou 160 km. À l’UTMA, plusieurs chanceux prendront le départ du 100K. Alors 42, y’a vraiment rien là! Reste juste à souhaiter que je ne me blesse pas, alors que je n’ai pas encore pleinement récupéré du Xtrail de Sutton, il y a trois semaines… Ça m’apprendra à me donner à fond en tout début de saison!

Pour lire le récit de ce 42K de l’UTMA qui était en fait un 44, par ici!