À toi, le coureur du printemps qui viens de dépoussiérer tes espadrilles après plusieurs mois d’hibernation, je te dis bravo. Et je t’applaudis à tout rompre. Oui oui, vraiment! Parce que, depuis quelques jours, tu es beau à voir aller. Et que tu mérites au plus haut point qu’on t’encourage à ne pas lâcher.

Bon, déjà, tu te demandes si c’est vraiment à toi que je m’adresse. Parce que j’ai utilisé le mot «coureur». Tu cours, ne serait-ce que quelques minutes, non? Alors tu ES un coureur. Malgré ton souffle court ces jours-ci. Malgré le cœur qui veut te sortir de la poitrine. Tu es un coureur.

L’hiver, tu délaisses la course. T’habiller en pelures d’oignon pour aller te geler les pieds dans la neige fraîche, très peu pour toi. Mais dès que le printemps se pointe le bout du nez, le goût te reprend de mettre rapidement un pied devant l’autre.

Présentement, il y a toutefois un hic. Un gros hic.

L’automne passé, c’était tellement plus facile de courir! Recommencer après des mois de sofa, ouf! Retour à la case départ… Comme si ton corps et ta tête avaient oublié c’était quoi, bouger. Pourtant, ça ne fait pas si longtemps!

Tu cours quelques minutes. Puis ton corps tout entier te rappelle son existence. Et tu te mets à marcher. Un peu. Pas longtemps. Juste le temps de reprendre ton souffle. Parce que tu n’en peux plus. «Mais comment ai-je déjà pu aimer la course à pied?» que tu te demandes, les mollets et les joues en feu.

Tu repars finalement, le pas lourd, en te demandant pourquoi tu as arrêté de courir pendant l’hiver… et en te demandant surtout si ça vaut la peine de t’entêter à continuer.

Et c’est à ce moment précis que tu te fais dépasser en fou par un coureur qui n’est nullement essoufflé. Un coureur hyper zen, sourire aux lèvres. Une gazelle qui semble voler tellement ça a l’air facile. Jamais tu ne pourras courir à cette vitesse et avec une telle aisance, que tu te dis…

C’est là que tu te trompes.

On commence tous quelque part. Sauf exception, tous les coureurs sont déjà passés par ce stade du course-marche-course où l’on souhaite remiser ses espadrilles pour de bon. À moins d’être un athlète, un vrai, le coureur qui tente de se qualifier pour Boston est déjà passé par là lui aussi. Personnellement, je me rappelle très bien à quel point c’était décourageant, il y a quelques années, de recommencer à courir le printemps venu…

Alors même si c’est difficile présentement, n’abandonne surtout pas.

Continue à mettre un pied devant l’autre, à ton rythme.

Peu importe si tu te fais dépasser.

Peu importe si tu dois marcher par bouts.

Botte-toi le cul. Continue. Souris. Et sois fier de toi! Parce que tu as toutes les raisons de l’être!

Demain, ou après-demain, ce sera déjà un peu plus facile. Et dans quelques semaines, ce le sera encore plus.