«Coudonc, t’entraînes-tu pour une Color Run?» La question se voulait une blague un peu chienne, du genre que je lance moi-même trop souvent à mes amis qui sont capables d’en prendre. C’était à mon tour de me faire servir ma propre médecine. Paf! Direct dans les dents.
Cette boutade m’a fouetté. Elle m’a remis en pleine face mon volume des derniers mois. Trop petit à mon goût. Ce n’est pas une course de cinq kilos que je m’en vais faire le 12 octobre prochain, mais bien 32 Color Run back à back. Un 160 kilomètres, en 35 heures maximum. Manquera juste la petite poudre de couleur.
Mon premier 100 miles avorté, à la mi-juin, m’a laissé sur ma faim. Je dois aller au bout de cette distance mythique, d’où mon inscription au superbe Bromont Ultra. Mais, encore une fois, mon volume est en grosses dents-de-scie. Avec mon rôle de papa monoparental, le boulot, mes 56 000 projets et les vacances estivales, j’ai fait ce que j’ai pu, mais sans pouvoir maintenir une progression intelligente. Encore une fois, je scrute Strava et je regarde les stats d’autres coureurs qui seront sur la ligne de départ du BU. Ce qu’ils en font du millage! Et voilà, les comparaisons recommencent. C’est malsain. Faut pas.
- Aurais-je pu faire plus de volume dans les circonstances? Non.
- Aurais-je pu faire mieux, en améliorant la qualité de mes sorties? Ça oui. Clairement.
- Suis-je confiant? Beaucoup plus que lors de mon premier 100 miles.
- Est-ce que je contribue moi aussi à ce que d’autres se comparent? Malheureusement, oui. Gros oui. C’est malsain. Faut pas.
Ça m’a frappé en pleine face. Comme la joke de la Color Run.
Quand je publie une photo disant que j’ai fait tant de kilomètres et de dénivelé pendant un week-end choc, c’est que j’en suis fier. Fier de moi, avant tout. J’ose croire que ça peut en influencer certains positivement. Mais ça contribue probablement aussi à ce que d’autres se comparent et se disent qu’ils n’en ont pas fait autant que moi… C’est malsain. Faut pas.
Alimenter le feu des foutues comparaisons, c’est la dernière chose que je souhaite. Je vais donc tenter de mettre la pédale douce sur la publication de stats exhaustives au cours des prochains mois (remarquez le conditionnel ici). Pas sûr que je réussirai, mais je vais essayer.
Des constats du genre, j’en ai fait plusieurs ces derniers temps. C’est peut-être parce que je changerai de dizaine dans moins d’une semaine. Je vous épargne certains états d’âme, mais en voici quand même quelques-uns…
Pratiquement tous les trous de mon horaire sont comblés par des sorties de course. Dès le début de ma semaine, j’identifie machinalement les matins, les midis ou les soirs où j’irai courir. Ça se fait tout seul. Comme une Color Run.
Le hic, c’est que j’ai l’impression que je cours à longueur de semaine… pour avoir le temps de courir. C’est épuisant! Je manque de temps libres. Ou plutôt je ne prends pas le temps de prendre le temps. Parce qu’on a toujours le choix, hein? Du moins, c’est ce qu’on raconte…
Depuis un an et demi environ, j’ai dit oui à pratiquement tout. Oui à des projets trippants. Oui à des collaborations passionnantes. La nature a horreur du vide et j’ai comblé tous les trous de mon horaire en disant toujours oui. Ça m’a fait grandir. Ça m’a ouvert des portes. Et si c’était à refaire, je redirais oui à tout ça sans hésiter.
Mais cet horaire si chargé est de plus en plus lourd à porter. J’ai besoin de reprendre mon souffle. Parce que je n’ai plus 20 ans, il paraît!
Il faut que j’apprenne à dire non. Je dois apprendre à prendre plus de temps pour moi. Plus de temps aussi pour les gens qui me sont chers.
C’est le cadeau que je souhaite me faire pour mes 40 ans.
2 septembre 2019 at 21 h 28 min
Bravo, bel article et inspirant. Cela reflète bien notre réalité. Ce serait chouet de ralentir le temps pour savourer mieux le moment. Mer de au BU, cela va bien aller.
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3 septembre 2019 at 9 h 27 min
Je me reconnais tellement dans ton texte…
Je ne suis pas monoparental, je ne fais pas d’ultra, je n’ai pas autant de plan de m… mais je crois que j’aurais pu écrire tout le reste 😉
Tes réflexions sont bonnes en tout cas, tu es dans la bonne voie. On le sait tous, le cheminement pour l’atteinte d’un objectif est vraiment ce qui compte… Puis sans oublier les gens qu’on aime au passage.
D’ici ta course, garde le sourire 🙂
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