Le courage. J’ai entendu ce mot souvent depuis quelques mois. Venant de gens qui s’adressaient à moi, ou encore à d’autres coureurs. En général, on l’entend quand il fait très froid. Ou qu’il neige. Ou qu’il vente. Ou qu’il pleut. Ou qu’il fait un peu de tout cela en même temps. Quand c’est l’hiver au Québec, finalement.
« Wow, tu es courageux d’aller courir aujourd’hui! »
Chaque fois, ma réaction est la même. C’est plus fort que moi. Courageux? What the fuck, courageux?
Motivé? Oui. Crinqué? Si vous voulez. Soucieux de ma santé physique et surtout mentale? Définitivement. Mais courageux? Pas pentoute!
Même le Journal de Montréal a fait allusion à ce « courage », hier, sur son site Web, en utilisant ma face gelée à la tête d’un article disons très léger et portant le titre « 17 personnes qui ont dû regretter d’être sorties dehors durant la tempête ». Plus loin, on y lit la phrase suivante: « Voici 17 personnes courageuses qui, comme vous, ont décidé d’affronter les intempéries. »
Je comprends l’intention de ceux qui utilisent ainsi la notion de courage pour les coureurs hivernaux. Ils se disent qu’ils ne seraient pas capables de faire pareil.
Pourtant, dans ma tête, le courage est directement lié à une situation extrêmement difficile, imposée ou non désirée:
- Faire face à la maladie de son enfant.
- Surmonter une séparation en gardant la tête haute.
- Se retrousser les manches après avoir perdu son emploi.
- Plonger dans les eaux glacées pour secourir un inconnu au péril de sa propre vie.
Ça, c’est faire preuve de courage.
Si je pesais 400 livres, que j’avais fait rire de moi lors de ma première tentative de marche/course et que j’avais persévéré jusqu’à perdre 200 livres en deux ans et à courir un marathon, là, oui, j’aurais fait preuve d’un admirable courage. Mais ce n’est pas mon cas. Je suis même très loin de peser 200 livres.
Courir 10, 15 ou 20 kilomètres à l’extérieur en hiver, ça n’a rien à voir avec le courage, dans mon cas du moins.
Pourquoi? Parce que ça reste un choix. Et que, surtout, c’est lié au plaisir.
Je ne suis pas obligé d’aller courir. J’y vais parce que ça me tente et que ça me fait un bien immense. Suffit de bien m’habiller, de mettre un pied devant l’autre, et je reviens avec le sourire. Toujours. Peu importe la météo. Et sans aucun regret, malgré ce que laisse croire le titre du Journal de Montréal…
Au pire, quand c’est plus difficile, ça me forge le mental et ça me permet d’apprécier encore plus les prochaines sorties sous un ciel plus clément. Je le vois toujours comme un investissement. De l’argent en banque qui m’aidera à mieux courir lors de mes ultras à venir. À ce chapitre, je commence à avoir un beau magot!
Et comme si ce n’était pas assez, Salut Bonjour a repris ce matin ma photo de « gars tout sourire qui a visiblement regretté d’aller courir ». C’est fort, les médias sociaux!
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